Les Champs Ecoles Paysans pour mieux s'adapter aux changements climatiques

Bozy, une animatrice de champ-école paysans motivée

12 mars 2021

Bozy, animatrice CEP de la commune de Miary (Photo: T. Andriantsoa/PNUD)

Résidente de la commune rurale de Miary, dans la Région Atsimo Andrefana, dans le sud de Madagascar, Bozy a vu la dégradation progressive de la production agricole de sa commune à cause de la sècheresse et par la même occasion la régression des revenus de chaque ménage. 

La pauvreté se fait durement ressentir et l’insécurité causée par les « Malaso » (*bandits) qui volent les zébus terrorise la population.

Pour appuyer ces communautés rurales vulnérables du Sud, l’adaptation de l’approche Champ-école paysans (CEP) s’est avérée comme une évidence. Les CEP sont essentiellement des écoles extra muros qui introduisent des innovations technologiques tout en s’appuyant sur les connaissances autochtones. Grâce à des techniques d’apprentissage expérientiel appliquées dans un contexte de groupe et des réunions régulières sur une durée plus longue, les agriculteurs et éleveurs apprennent à analyser leur situation et à prendre des décisions éclairées au sujet de leurs pratiques de subsistance et des stratégies d’utilisation des ressources. 

En collaboration avec le Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable à travers le Bureau National de Coordination du Changement Climatique (BN-CCCREDD+) avec l’appui du PNUD et du Fonds pour l’Environnement Mondial, a renforcé les capacités de  408 animateurs CEP dont Bozy pour assurer le partage de connaissances avec les communautés rurales sur les technologies d’adaptation et d’atténuation. Des champs écoles paysans ont été établis pour servir de vitrine de la mise en oeuvre des mesures face au changement climatique.

Sensibilisation communautaire animée par Bozy (Photo: T. Andriantsoa/PNUD)

Bozy a suivi une formation spécifique à ce sujet et a même participé avec ses pairs à une des visites d’échange régionale organisées dans les régions Menabe et Vakinankaratra. « J’y ai surtout appris la fabrication d’insecticide biologique à partir des plantes disponibles dans notre région » confie Bozy. 

Deux champs-écoles paysans, l’un portant sur l’élevage caprin et l’autre sur l’agriculture ont vu le jour dans le Fokontany Mandrosoa où Bozy réside. Elle s’est de suite portée volontaire et sa communauté a accepté qu’elle soit l’animatrice CEP pour l’élevage de caprins dénommé « Lovasoa » (le bon héritage). En plus des renforcements de capacités sur l’élevage caprin, les techniques de gestion du budget familial et de revolving, le CEP composé de 20 membres a également reçu 9 caprins.

« Désormais, à chaque recette, nous appliquons la gestion de budget en la répartissant pour les besoins quotidiens et mettons de côté pour les périodes dures ».

Suivi des caprins (Photo: T. Andriantsoa/PNUD)

Pour l’entretien et le soin du cheptel, une cotisation mensuelle de 2 000 Ariary (USD 0,54) ainsi qu’une amende de 500 Ariary (USD 0,13) pour ceux qui n’assistent pas aux réunions mensuelles, sont collectées par Bozy. Elle coordonne chaque réunion et en établit un procès-verbal suivant les conclusions acceptées par les membres. 

Elle confie : « Seuls deux caprins n’ont pas survécu, les autres s’adaptent parfaitement au changement climatique de notre région. Ils sont maintenant au nombre de 30 car les femelles ont rapidement mis bas. Les bêtes ne nécessitent pas également beaucoup d’eau ni de régime alimentaire spécifique. Mais surtout les Malaso ne s’y intéressent pas. Notre objectif est de les multiplier au maximum pour que chaque membre puisse à leur tour constituer un troupeau et en assurer des revenus réguliers plus tard». 

« Nous sommes conscients que l’accompagnement du Ministère de l’Environnement et du Développement Durable et du PNUD n’est pas éternel, aussi, avons-nous comme ambition de formaliser notre CEP pour pouvoir s’ouvrir au marché privé et le pérenniser ».  

Depuis le lancement des appuis aux communautés rurales pour améliorer leur capacité d’adaptation au changement climatique, le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable appuyé par le  PNUD a pu mettre en place dans 12 communes,  240 champs écoles paysans pour les domaines de l’agriculture, de l’élevage, et de la pêche . Plus de 2 500 bénéficiaires CEP (dont  1 300 femmes)  font maintenant usage des produits et services agro-météorologiques fournis pour planifier leurs stratégies de subsistance.