Discours Madame Marie Dimond, Représentant Résident 
du PNUD à la cérémonie d’ouverture des échanges interministériels sur la Décentralisation 

17 décembre 2019

Mme Marie Dimond, Représentante résidente du PNUD à la cérémonie d'ouverture de l'événement sur la relance du processus de Décentralisation à Madagascar.

(Liste protocolaire)

Mesdames et Messieurs,

C’est avec un grand plaisir que je prends la parole ce matin, consciente de l’opportunité que nous avons au cours de ces échanges aujourd'hui et demain de développer une vision partagée sur comment mettre en place une décentralisation effective à Madagascar. L’évènement d’aujourd’hui vise à lancer le débat, pour l’instant au niveau interministériel, qui sera ensuite poursuivi dans les régions avec les nouveaux élus et responsables des Collectivités Territoriales Décentralisées ainsi que la Société Civile. 

Bien que Madagascar ait initié un processus de décentralisation depuis bientôt 25 ans, et ait inscrit ces ambitions et principes dans la Constitution et les textes internes, ce processus reste, il faut le dire, largement inachevé et avec peu d’effets sur la vie des populations. Ce processus de décentralisation nécessite donc une réforme en profondeur.

Par ailleurs,  suite à la transition démocratique de début de l’année, le nouveau Gouvernement de Madagascar a initié l’Initiative Émergence Madagascar,  dont l’Axe Stratégique 13, est d’« Instaurer une politique de décentralisation émergente » avec comme orientation: « l’autonomie et la responsabilisation des collectivités territoriales décentralisées ».

L’ambition du Gouvernement Malgache est de faire de la décentralisation un outil primordial pour l’accélération de l’atteinte des Objectifs de Développement Durable ratifiés par Madagascar en 2015 et ayant fait l’objet de priorisation nationale. Le PNUD salue cet engagement et est prêt à accompagner le Gouvernement dans sa démarche.

En effet, permettez-moi d’insister sur le fait que nous ne pouvons atteindre la réalisation des ODD, à satisfaire les exigences de développement équilibré du territoire à Madagascar sans une réelle décentralisation responsable qui requiert la participation et l'engagement de tous les acteurs aux niveaux national, régional et local. 

La décentralisation que nous appelons de tous nos vœux doit être volontariste arrimée aux engagements internationaux pris par l’État Malgache, parmi lesquels figure la Charte africaine des valeurs et principes de la décentralisation, de la gouvernance locale et du développement local. 

Mieux, cette décentralisation doit être axée sur les résultats et basée sur la performance dans la mise en œuvre, la valorisation des potentialités du territoire, la transparence et la redevabilité avec des mécanismes de financement novateurs, fédérateur des partenaires au développement.

Plus que jamais, pour développer Madagascar, il nous faudra travailler plus de manière efficace et efficiente en suivant les principes de subsidiarité et en créant les conditions au niveau local pour que toutes et tous aient accès aux services sociaux de base et mettent à contribution leurs potentialités au service du développement local.

Cependant afin de remplir leurs missions les Collectivités Territoriales doivent disposer de ressources adéquates. Or, force est de constater qu’aujourd’hui, moins de 3 % du budget de l’État est effectivement transféré vers les Collectivités Territoriales Décentralisées. Ce qui pose un réel problème face aux défis à relever.

En effet, les États qui ont fait des avancées majeures dans ce domaine tablent entre 15-20 % de leurs ressources budgétaires et même plus si on considère les budgets d’investissements des ministères sectoriels exécutés par les CTD. 

Excellence Monsieur le Premier Ministre, Distingués invités, 

Au regard de l’opportunité offerte par vos services à travers ces échanges, de lancer le processus de la redéfinition de la vision de l’État vers une réelle décentralisation, le PNUD n’a pas hésité à s’engager aux côtés du Gouvernement et des autres partenaires techniques et financiers pour soutenir cet élan.

Cela répond en effet à notre mandat d’inspirer les politiques publiques en matière de développement, concrétisé déjà en 2005 par le soutien à l’élaboration de la Première Lettre de Politique sur la Décentralisation ; nous avons fait l’option de mobiliser de l'expertise internationale pour appuyer les travaux de cet Atelier. Permettez-moi, ici, de saluer ces trois experts pour leur disponibilité.

Notre ambition, ce faisant est de favoriser un partage d'expérience et de vues pour générer des propositions innovantes, ambitieuses et à même d’accélérer la mise en œuvre des réformes de la décentralisation pouvant impulser le développement durable à Madagascar.

Je nous invite donc tous à contribuer de manière pragmatique, mais ambitieuse pour faire émerger des pistes des réformes profondes à opérer aux niveaux légal, institutionnel et opérationnel pour faire de la décentralisation un catalyseur pour la stabilité politique, la modernisation des structures administratives, le réel développement territorial en vue d’une émergence réussie et équilibrée du pays. 

Monsieur le Premier Ministre, Distingués invités, 

Je ne saurai finir mes propos, sans réitérer la disponibilité et l’engagement du PNUD à ne ménager aucun effort pour accompagner le Gouvernement de Madagascar dans les réformes éclairées et recommandations qui découleront de ces échanges qui je l'espère, seront très fructueux.

Je vous remercie.