Discours de Mme Marie Dimond, Représentant Résident du PNUD à la cérémonie de présentation du Rapport sur le « Modèle d’Investissement pour la lutte antitabac à Madagascar »

1 août 2019

Les officiels lors de la cérémonie de présentation du rapport "le modèle d'investissement pour la lutte antitabac à Madagascar" De gauche à droite: Dr Patrick M. Luhindi du Secrétariat de la Convention Cadre de l'OMS de lutte anti-tabac, Mme Marie Dimond, Représentant Résident du PNUD, Dr Jean Claude Andrianirinarison, Secrétaire Général du Ministère de la Santé Publique, Dr Henintsoa Rabarijaona, de l'OMS.

(liste protocolaire)

C’est pour moi un insigne privilège en tant que Représentant Résident du PNUD à Madagascar de participer à cet important événement pour présenter le rapport sur le modèle d’investissement pour la lutte antitabac à Madagascar.

En fait, vous êtes peut-être étonné de me voir parler aujourd’hui sur un sujet comme le tabac. Pourquoi le PNUD s’y intéresse ?

Comme vous le savez, le PNUD fournit toute une gamme d’appuis au gouvernement malgache, mais de manière générale notre mission est simple. Nous sommes voués à soutenir les efforts de Madagascar pour atteindre les objectifs de développement durable et ne laisser personne de côté, surtout dans les domaines de promotion de bonne gouvernance, de lutte contre la pauvreté et de protection de l’environnement.

En fait, comme vous allez entendre, les enjeux sont importants si l’on se réfère au rapport qui sera présenté dans les détails tout à l’heure. Non seulement il s’agit d’un problème de santé publique avec un intérêt social - mais il existe bel et bien aussi les défis économiques qui en découlent.

  • Plus de 8200 Malgaches meurent chaque année des suites d’une maladie liée au tabac 
  • Plus de 2 300 de ces vies perdues sont dues à l'exposition à la fumée secondaire. Ce ne sont donc même pas des fumeurs actifs! 
  • Le tabac coûte 491 milliards de MGA par an à Madagascar, soit 1,4% du PIB du pays en 2017.

Nous sommes aussi troublés par les preuves irréfutables selon lesquelles le tabac exacerbe les inégalités, aggrave la pauvreté, ralentit la croissance économique et même aggrave les dommages causés à l'environnement. En fait, les effets du tabac s’étendent aux dimensions sociales, économiques et environnementales du Programme de développement durable à l’horizon 2030. C'est pourquoi c’est une bonne nouvelle que Madagascar fait partie des 15 pays bénéficiaires de la mise en œuvre accélérée de la Convention-cadre pour la lutte antitabac, un des cinq pays retenu en Afrique, suite à la demande du gouvernement. Une cinquantaine de pays a soumis cette même demande.

Le PNUD est donc fier aujourd’hui d'être présent aux côtés du Ministère de la Santé et de l’OMS et autres partenaires principaux du projet et d'avoir soutenu grâce à l’appui du gouvernement britannique l’élaboration du rapport présenté aujourd'hui. 

Mesdames et Messieurs

Les éléments de ce rapport sur le modèle d’investissement pour la lutte antitabac vont tous nous interpeller.

Les faits démontrent qu’à Madagascar, le tabac est en train de saper l'économie. Les pertes de productivité dues au tabagisme représentent plus de 95% du coût global du tabac évalué, que j’ai mentionnés auparavant. Les dépenses de santé publiques, privées et à la charge du patient sont importantes.

Le rapport sur le modèle d’investissement pour la lutte antitabac n’est certes qu’une projection. Il décrit ce qui se passera si la réponse au statu quo reste inchangée. Il fournit également un scénario alternatif pour Madagascar. En effet, si des actions immédiates étaient prises, près de 30 400 vies seraient sauvées et 1 400 milliards de ariary de pertes économiques évités au cours des 15 prochaines années.

Nous avons donc le choix! Quatre mesures de lutte antitabac éprouvées sont proposées à mettre en oeuvre pour éviter davantage de souffrances humaines et de pertes économiques considérables. 

Nos experts parleront davantage des enjeux de:

  • Augmenter les taxes sur le tabac,
  • Faire respecter l’interdiction de fumer dans tous les lieux publics,
  • Mettre en place l’emballage neutre,
  • Organiser des campagnes médiatiques contre le tabagisme.

Combien coûtera une action concrète? - Le rapport n’a pas omis d’apporter des éléments de réponses à cette question.  Le retour sur investissement pour Madagascar est même important. Pour chaque ariary investi par le pays dans la lutte antitabac, il obtiendrait un rendement économique de 26 ariary d'ici 2033.

Mesdames et Messieurs, Chers collègues, 

Nous encourageons fortement que les éléments partagés dans ce rapport puissent servir de bonne base pour disposer à une nouvelle orientation politique et à la mise en place d’un cadre législatif favorable à la lutte antitabac. 

Le PNUD attend avec impatience de travailler avec le secrétariat de la Cellule de coordination de la lutte anti-tabac (CCLAT) et l’OMS pour aider le gouvernement dans cette démarche.

Nous félicitons les actions déjà entamées par le Ministère de la Santé publique, fortement engagé dans cette lutte. Nous reconnaissons que le changement requiert l'engagement et le soutien de beaucoup d'entre vous réunis dans cette salle. 

Il est possible de renforcer la mise en œuvre et l'application d'une loi antitabac forte, assurer une taxation efficace, éduquer les enfants et le public et développer des systèmes robustes lutter contre le commerce illicite. 

Ce pays a fait ses preuves dans de nombreux domaines de la santé et du développement. Je ne doute pas que Madagascar poursuivra cet élan en renforçant la lutte antitabac. J’encourage tous les participants à tirer parti du rapport d’aujourd’hui et du projet FCTC 2030 pour instaurer un avenir plus sain et plus prospère à Madagascar.

Mesdames et Messieurs, je vous remercie de votre attention.