Allocution de M. Henry-René Diouf à l'occasion de la célébration de la journée internationale de lutte contre la corruption à Toliara

7 décembre 2019

Les autorités présentes lors de la cérémonie d'ouverture de la célébration de la journée internationale de lutte contre la corruption organisée sous le leadership du BIANCO et soutenue par le PNUD et le GIZ/PAGE

Tompokolahy sy Tompokovavy Akory Aby! Salama!

C’est pour moi un agréable devoir de représenter ce jour le Programme des Nations Unies pour le Développement, le PNUD, et de célébrer avec vous la Journée Internationale de lutte contre la Corruption, ici, dans la ville du Soleil. Mais auparavant, permettez-moi de vous présenter les mots d’excuse de Madame Marie Dimond, Représentant Résident du PNUD, qui a souhaité être parmi nous aujourd’hui mais se trouve retenue par d’autres obligations. Elle nous a confié la mission de porter ses messages de félicitations et d’encouragement à l’occasion de cette célébration de la journée internationale de lutte contre la corruption à l’adresse du BIANCO et des autres institutions de lutte contre la corruption et de vous tous ici présents, acteurs de la lutte contre la corruption, pour les efforts au quotidien que vous déployez pour dire STOP à ce fléau qui envenime la société, l’économie, la politique.

Nous saluons en particulier cette initiative du BIANCO et des autres institutions de lutte contre la corruption d’organiser cette journée clé à plus de 900km de la capitale, un signal fort que les institutions de lutte contre la corruption sont proches et se rapprochent toujours de la population. Nous saluons également le choix du thème national portant spécifiquement sur la lutte contre la corruption dans le secteur des ressources naturelles.

Mesdames et Messieurs,

Le capital naturel de Madagascar est une ressource économique clé dont plus 80% de la population, y compris les plus pauvres et les populations laissées pour compte, dépend principalement pour leur subsistance. Les pêcheries océaniques et l'aquaculture représentent 7% du PIB (environ 213 millions de dollars par an), avec 300 000 employés par an. La valeur économique totale des services écosystémiques est estimée entre 96 935,36 et 96 938 millions USD. Plus proche de nous, le paysage forestier épineux et sec d’Atsimo Andrefana qui couvre une superficie d’environ 2,4 millions d’hectares, est classé parmi les écosystèmes les plus distinctifs à Madagascar. Sa protection, sa gestion durable ainsi que sa valorisation sont d’un intérêt général.

Cependant 80 % des espèces faunistiques et floristiques dont dépendent ses gains économiques cites plus haut sont endémiques et sont fortement menacées par le trafic illicite des ressources naturelles et son corollaire, la corruption. Lutter contre cette corruption est une nécessité, pour l’économie et le progrès social du pays. En effet, les ressources naturelles de Madagascar, sont porteuses de solutions de lutte contre la pauvreté, de croissance inclusive et de développement durable. Mais, quand la corruption est associée aux ressources naturelles, seule une minorité s’enrichit et, les trafics et exploitations illicites, la protection des coupables et le corporatisme gangrènent et minent les efforts environnementaux et les efforts de développement entrepris et ternissent la sacralité des valeurs communautaires comme le filongoe, le vrai sens du fihavanana.

Nous devons juste dire STOP ! Arrêtons de protéger ceux qui sont en train de mettre en péril notre environnement de vie et la base du développement économique actuel et des générations futures! AGISSONS! Agissons pour protéger et mieux gérer les ressources naturelles! Agissons pour nous et nos “zanaka”!

Nous saluons ainsi la mise en place de la « Plateforme du Réseau d’acteurs contre la corruption dans le domaine des exploitations et des trafics illicites des ressources naturelles dans la Région Atsimo Andrefana » depuis 2017, qui a beaucoup contribué dans la mise en place d’une bonne gouvernance environnementale et surtout dans la lutte contre le trafic des espèces menacées et l’encourageons dans ses actions.

Par ailleurs, en tant que partenaire au développement de Madagascar, nous sommes réconfortés que la lutte contre la corruption avec tolérance zéro fasse partie des Vélirano présidentiels traduits en axes clés de la Politique Générale de l’Etat et qu’aux niveaux régional et local, le rythme est suivi et se manifeste par la synergie et la complémentarité des actions de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption dans tous les secteurs.

Permettez moi également de saluer les engagements de chaque citoyen et organisation qui dit NON à la corruption dans leur quotidien et qui travaillent pour sensibiliser les autres à la lutte contre la corruption. Aujourd’hui, plus que jamais, le pays a besoin non seulement de ses hommes et de ses femmes intègres, travaillant ensemble pour la lutte. Nous soutenons ainsi le plaidoyer pour l’augmentation des ressources et de moyens pour éradiquer ce fléau.

Au PNUD, nous sommes fiers, cette année, d’avoir contribué à la mise en place et l’opérationnalisation des juridictions spécialisées dans les affaires de corruption et les infractions économiques et financière dont le pôle anti-corruption d’Antananarivo et prochainement à Mahajanga; appuyé des initiatives clés et stratégiques du BIANCO, du SAMIFIN et du CSI comme la vulgarisation de la Stratégie Nationale de Lutte contre la Corruption (SNLCC) et deux lois sur la corruption et le pôle anti-corruption dans la Région Anosy, Androy et Atsimo Andrefana, la tenue des antennes mobiles du BIANCO, la dynamisation des réseaux Honnêteté et Intégrité, la sensibilisation sur le blanchiment d’argent auprès des Institutions Financières; soutenu les travaux sur la mise en place du mécanisme de recouvrement des avoirs illicites à Madagascar.

Grace à un projet financé par le Fonds des Nations Unies pour la Consolidation de la Paix, nous allons intensifier encore notre appui à la lutte contre la corruption à Madagascar. Nous félicitons la disponibilité de la matrice d’engagements mutuels que le Gouvernement de Madagascar et ses partenaires techniques et financiers ont élaborée dans le cadre du Groupe de Dialogue Stratégique (GDS) et qui est suivi régulièrement par la plateforme de coordination sur l’Etat de droit. Avec toutes ces institutions et coalitions autour de la lutte contre la corruption, nous sommes confiants que Madagascar est doté d’institutions et de mécanismes qui peuvent être efficaces pour lutter et prevenir les faits de corruption.

Toutefois, nous sommes tous conscients que la population attend plus de ces institutions et que les besoins de la lutte contre la corruption restent importants. Nous sommes conscients que les campagnes de sensibilisation ou les actions d’investigations sur tout l’étendue de l’immense territoire malgache requièrent des moyens techniques, logistiques et financiers très importants. Mais investir dans la lutte contre ce fléau a des retombées économiques importantes pour le développement car elle permet de libérer des ressources financières importante pour investir dans l’atteinte des objectifs de développement durable.

Le PNUD et plusieurs autres PTF se sont déjà engagés à soutenir le pays à atteindre l’objectif de la Stratégie Nationale de rendre Madagascar « à l’horizon 2025 un Etat de droit libéré de la corruption ». Aujourd’hui encore, nous voulons soutenir que si nous voulons aider l’Etat malgache à renforcer la confiance des citoyens, l’investissement le plus important est celui dans la lutte contre la corruption.

Chers tous,  Je vous remercie de votre attention.