La solution est dans l’environnement

11 mars 2019

Les femmes de Mahavavy Kinkony en train de travailler le raphia.

« Je m’occupais seule de mon foyer auparavant et je me lamentais sur mon sort. Il a suffi qu’on nous ait sensibilisé sur les enjeux de la richesse de notre environnement, sur l’importance de sa gestion responsable pour mieux utiliser les ressources locales. Nous avons aussi bénéficié de formations et d’accompagnements techniques. Depuis, notre vie changeait», a déclaré Soandraza Mariline devant une parterre de personnalités dont la Première Dame de la République de Madagascar, des Ministres, des membres du corps diplomatique et des autorités locales.

Soandraza Mariline fait partie de ces femmes venant des quatre coins de Madagascar partager histoires, réussites et défis devant un parterre d’assistance de divers horizons dont l’épouse du Président de la République, des Ministres, des membres du Corps diplomatique, et des autorités locales.  Originaire de l’aire protégée de Mahavavy Kikony (Benetsy Mitsinjo), Soandraza Mariline a pu changer sa vie. Un parcours qu’elle a raconté pendant l’événement du Complexe Sportif Ampisikina: « Nous, femmes, quand nous le voulons, nous pouvons mieux faire et changer les choses ».

Soandraza Mariline lors de la cérémonie de témoignage "Vehivavy Mandray Andraikitra organisée au Complexe Sportif Ampisikina lors de la célébration nationale de la journée internationale de la femme.

Situé dans la région Boeny, à l'Ouest de Madagascar, le Complexe des Zones Humides Mahavavy Kinkony (CMK) est l'un des sites clés du réseau des aires protégées des ressources gérées, un programme financé par le Programme des Nations Unies pour le Développement  (PNUD) et le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM/GEF) pour appuyer la gestion durable de la riche biodiversité de la grande Île de l'océan Indien. Avec ses 302.000 Ha, il figure parmi les plus étendues des nouvelles aires protégées du réseau. Le complexe est constitué d’écosystèmes marins et côtiers/mangroves, de forêts sèches, de satrana et de raphia qui assurent de l’eau en abondance sur le territoire. On y retrouve plusieurs lacs dont le deuxième plus grand lac à Madagascar, le lac Kinkony labélisé site RAMSAR en 2012. Couvrant presque le district de Mitsinjo, la nouvelle aire protégée du Complexe des Zones Humides Mahavavy Kinkony détient une place incontournable dans le développement de la région Boeny. Suite aux diverses sensibilisations menées par l’ONG Asity, les femmes sont devenues actives dans la gestion communautaire du site et plus de 3000 d’entre elles ont pu changer leur vie dans tout le réseau. L’association Tsarajoro de Mariline regroupant une vingtaine de femmes a pris depuis de nombreuses initiatives de protection de ce patrimoine environnemental en mettant en place et gérant des pare-feux, en menant des reboisements et le renouvellement des plants de raphia au sein du complexe. Par ailleurs, l’encadrement technique qu’elles ont reçu dans l’exploitation responsable du raphia a particulièrement permis à Mariline et à ses pairs d’obtenir une nouvelle source de revenu dans la transformation du raphia en articles de mode et de décoration d’intérieur.

Les produits en raphia en exposition-vente par l'association de Soandraza Mariline lors du salon du savoir des femmes baptisé "Magangy Mahefa" à Mahajanga.

« Désormais, je suis capable de traiter le raphia et de fabriquer divers produits à partir de cette matière. Avec mon association, nous n’hésitons pas à planter le raphia pour nous assurer des matières premières. Grâce à cette activité, j’arrive maintenant à subvenir aux besoins de mon foyer et à prendre soin convenablement de mes enfants, de mes petits enfants et de ma mère qui vivent avec moi » partage-t-elle avec fierté.

Ce message sur la capacité des femmes à influencer son environnement a été partagé par tous les orateurs de cette journée internationale de la femme.

Pour sa part, si deux jours plus tôt, Mariline a quitté chez elle, ses deux enfants, ses petits enfants et sa mère à Benetsy en charette pour joindre d’abord la localité de Mitsinjo, où il lui a fallu attendre jusqu’à trois heures du matin avant de prendre le taxi-brousse 15h durant pour Katsepy. Puis de Katsepy, elle rallia Mahajanga pour être aux activités du 8 mars, en traversant la mer en bac. Elle a repris ce même trajet au retour, encore plus riche d’expériences et fière d’avoir représenté son association et toutes les femmes de sa localité. Durant les trois jours du Salon du savoir-faire des femmes des 22 régions « Magnangy Mahefa » où Mariline et ses collègues ont exposé leurs produits qui non seulement symbolisent leur parcours mais représentent également leur nouvelle source de revenu, elles ont écoulé une vingtaine de produits dont des sous assiettes, des portes monnaies, des chapeaux, des sacs de dame, des paniers, et un tapis tous faits à partir du raphia.