Allocution de Mme Marie Dimond, Représentant résidant du PNUD à l'occasion de la relance de la réforme du secteur de la sécurité à Madagascar

19 mars 2019

Mme Marie Dimond, Représentant résident du PNUD à Madagascar.

Permettez-moi de vous dire l’honneur qu’il m’est donné de m’adresser à vous ce matin dans le cadre de cet atelier de « Relance de la Réforme du Secteur de la Sécurité à Madagascar », conduit sous l’égide du Secrétariat Permanent à la Défense et à la Sécurité Nationale (SPDSN).

Avant tout, j’aimerai profiter de cette occasion pour remercier le Ministre de la Défense Nationale et Secrétaire Permanent à la Défense et à la Sécurité Nationale ainsi que tout le personnel du SPDSN, pour cette collaboration franche et productive mise en place avec le PNUD dans le cadre de son appui à la Réforme du Secteur de la Sécurité.

Chers (es) invités,

En 2014, il y a maintenant bientôt 5 ans, Madagascar a sollicité l’appui des partenaires techniques et financiers pour mener une réflexion interne sur plusieurs aspects liés à la sécurité et à la défense du pays.

Les nations unies avaient répondu positivement à cet appel et ont participé à la mission d’évaluation conjointe avec l’Union africaine, l’Union européenne, la SADC, l’Organisation Internationale de la Francophonie et le réseau africain du secteur de la sécurité.

Cette mission avait produit un rapport conjoint qui a permis de sonner l’alerte sur la nécessité de la conduite d’une réforme du secteur de la sécurité à Madagascar, en mettant en exergue plusieurs disfonctionnements internes, beaucoup d’incohérence dans les efforts déployés et un tiraillement sur les rôles respectifs des différentes forces au-devant d’un contrôle démocratique déficitaire.

C’est donc pour donner suite à ces recommandations et à la demande de l’Etat Malgache que le PNUD Madagascar a obtenu l’appui financier du Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix dans le cadre du projet d’Appui à la Réforme du Secteur de la Sécurité, connu sous le nom ARSSAM.

Mesdames et Messieurs,

Pour beaucoup, la RSS est un concept théorique dont les retombées pratiques restent peu visibles. Contrairement à ces critiques parfois acerbes, la RSS est un processus national qui consiste à renforcer la gouvernance du secteur de la sécurité pour mieux répondre aux besoins et aux préoccupations de l’Etat et de sa population en matière de sécurité.

A cet effet, j’aimerai attirer l’attention sur le fait que la RSS est avant tout un processus national, qui nécessite une volonté politique importante et continue, qui requiert des financements non négligeables ainsi que la mobilisation d’expertise technique variée. Pour un pays comme Madagascar qui n’avait pas conduit dans le passé une réforme de son secteur de la sécurité, entamer un tel processus nécessitait une compréhension approfondie de plusieurs paramètres avant de passer à une phase opérationnelle. Ce sont ces prérequis que le projet ARSSAM a soutenu.

Ces deux dernières années, cette vision venant de la base avait été créée grâce à la conduite de consultations au niveau des 22 régions du pays et la publication d’une Lettre de Politique Générale sur la RSS en Janvier 2016, reprenant les aspirations des populations malgaches collectées lors de ces consultations. Cette lettre de politique générale a été renforcée par des plans sectoriels qui tracent les différents aspects à réformer et sur lesquels le projet ARSSAM a déployé ses efforts.

Pour ne citer que quelques exemples, ces deux dernières années, ces préparations ont conduit à approfondir des questions relatives à la faible intégration des femmes dans les Forces de Défense et de Sécurité ; à la faible implication du parlement dans l’exercice du contrôle qui lui revient ; à une  répartition inadaptée des forces face aux besoins grandissants de sécurité intérieure de proximité, de protection des côtes et de sécurisation des frontières ; au vieillissement progressif du personnel en uniforme ; à la pyramide inversée au niveau des échelons des forces ; à la disparité dans l’exercice central du service de renseignement ; au contrôle insuffisants dans la gestion des armes à feu ; au manque de redevabilité face à une justice militaire affaiblie etc.

Aucune de ces réflexions n’a été menée en silo sans la partie nationale. Elles sont au cœur de ce que le peuple malgache et les institutions de l’Etat souhaitent.

Excellence Monsieur le Premier Ministre,

Monsieur le Secrétaire Général de la Présidence de la République,

Mesdames et Messieurs les Représentants des partenaires techniques et financiers,

Aujourd’hui, pendant que nous pensons ensemble la phase opérationnelle de toutes ces réflexions menées ces deux dernières années avec le soutien du PBF, j’aimerai attirer l’attention sur la nécessité de confirmer la volonté politique de continuer dans la même lancée. Cette volonté politique reste le cœur de toute action car elle donne le souffle à une meilleure appropriation nationale des actions menées par l’Etat dans le cadre de ces réformes et ouvrira la porte aux financements nécessaires pour la poursuite vers la phase opérationnelle de notre appui.

En effet, le projet ARSSAM arrive à son terme en Juin 2019 et la probabilité d’une continuité ne peut être discutée qu’au travers d’un cadre national fort, aux besoins réalistes et consensuels et qui investit de toutes ses forces dans la Réforme du Secteur de la Sécurité avec un accent particulier sur la Restructuration des forces existantes selon les besoins réels du pays.

Il sera donc nécessaire que les décideurs politiques et les forces de défense et de sécurité aient la même vision globale et programmatique de la RSS pour un meilleur ancrage de celle-ci dans le cadre plus large des réformes institutionnelles et du plan national de développement.

Chers (es) invités (es),

Permettez-moi de finir mes propos en souhaitant plein succès aux discussions que vous aurez lors de cet atelier pour que celles-ci servent à nous remettre sur les rails du train qui nous conduira vers cette phase opérationnelle de la RSS à Madagascar.

Je vous remercie,

(Seul le prononcé fait foi)